vendredi 23 septembre 2011

ECR — Retour sur l'affaire du voile à Jonquière et l'évincement des parents

Myriam Ségal revient dans les colonnes du Quotidien du Saguenay-Lac-Saint-Jean sur l'expérience du voile islamique imposée à des élèves d'une école de la région lors du cours d'ECR. Elle donne plus de détails sur la lettre envoyée aux parents et cette manière d'écarter les parents des décisions en les sermonnant. Enfin, elle s'interroge sur la politisation des cours à l'école québécoise, « tout en tassant les parents » démunis et isolés devant l'appareil monolithique éducatif (nos mots).

Un prof de la Polyvalente de Jonquière a fait essayer le voile à ses élèves, dans le cadre de l'étrange cours d'éthique et culture religieuse (ÉCR). Je pensais déjà bien du mal de ce cours délayé sur dix ans, souvent confié à d'anciens agents de pastorale ou à des profs qui complètent ainsi leur temps plein, sans formation historique et sociologique.

Il tourne fréquemment à la propagande gouvernementale pour nous passer en travers de la gorge le multiculturalisme, la tolérance tout azimut, au détriment de nos propres convictions et de nos révoltes légitimes. À défaut de convaincre leurs parents, on dresse les jeunes à accepter comme raisonnables des accommodements douteux.

[...]

La manière

Au lieu de cela, on les pousse par expériences maladroites et ludiques, à gommer leur propre identité collective. L'égalité des hommes et des femmes constitue un credo de la société québécoise, que les accommodements religieux bafouent trop souvent. [...]

La manière dont l'école a amené la chose aux parents m'a aussi choquée: une lettre circulaire signée par le prof, le directeur et le directeur adjoint. Le directeur a légitimé publiquement l'exercice en affirmant qu'aucun parent n'a protesté, signe d'assentiment, croit-il.

Moi non plus, je n'aurais pas protesté. En appuyant d'emblée officiellement et unanimement la démarche, la direction de l'école ferme la porte à toute velléité de « rouspétance ». Le parent rétif comprend: « N'essaye même pas, on sera tous contre toi ».

D'ailleurs, la lettre se termine sans demander ni assentiment, ni opinion des géniteurs. Sur un ton moralisateur, elle conclut : « Ils [les élèves] seront en mesure de (...) dialoguer dans un esprit d'ouverture sur le monde. » Les parents lisent entre les lignes : «Si vous n'approuvez pas, votre esprit n'est pas ouvert sur le monde ! »

Dans la vie, il faut choisir ses combats. Il ne restait qu'un seul champ de bataille pour livrer celui-là: jeter la lettre dans le domaine public, via les médias.

Le parent

Cela en dit long sur l'espace des parents à l'école. On rembarre systématiquement tous ceux qui demandent que leurs jeunes ne suivent pas ce cours, peu importe leurs motifs. Le « gouvernemaman » sait mieux qu'eux ce qui est bon pour leurs enfants.

On recrute des parents pour siéger au conseil d'établissement, où ils approuvent des listes scolaires et un code de vie « prémâchés ». On les sollicite pour financer des sorties ou des investissements. Mais pas pour échanger sur une pédagogie douteuse.

Combien de parents ont vu, à tête reposée, les manuels d'ÉCR, d'histoire, de maths, de science ?

Ces livres restent à l'école. Le parent tente de suivre par les devoirs, sans vue d'ensemble. On reçoit souvent un résultat d'examen à signer, mais sans les questions. Comment faire réfléchir l'enfant à ce qu'il a raté sans savoir ce qui lui était demandé ?

Sans accès aux manuels, comment juger si l'école mène une propagande ou une démarche scientifique ? [Note du carnet : les manuels sont une partie du matériel didactique, il y a également nombre d'activités et de documents qui circulent en classe et qui sont laissés à la discrétion de l'enseignant. Ces activités et ces documents sont parfois pires que les manuels qui eux sont scrutés par le Politburo du Monopole de l'Éducation à Québec !]


J'ai souvent des doutes, non seulement pour le cours d'ÉCR, mais aussi devant les déclarations écologistes très péremptoires de certains textes éparpillés dans toutes les matières, du français aux sciences.

Comme parent, on riposte trop souvent en décrochant ou en dénigrant cette école qui nous largue.

Il faut choisir ses combats. Celui-là mérite qu'on le mène.

Voir aussi

ÉCR — Une enseignante fait expérimenter le voile à ses élèves





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